La journée de la femme est finie, pliée, rangée jusqu’à l’année prochaine.

Vous pouvez, mesdames, retourner à vos fourneaux.

Exit les blagues douteuses « Allez Martine, je ne te tiens pas la porte c’est la journée de la femme, on est à égalité » auxquelles on préfèrerait « tiens Martine, je vais te rémunérer pareil que Robert, même si t’as pas autant de testostérone. Parce que au  final, tu fais le même boulot  ». 

Je me pose toujours la question sur ce genre de journée à thématique : est-ce que c’est mieux ou pire d’en avoir une ? La journée de la femme se situe pile poil entre la journée mondiale du tennis le 4 mars et celle de la plomberie, le 11.

Mais revenons à nos moutons (journée mondiale des moutons de panurge le 11 juillet) et prenons-les en exemple.

Ces chers bovidés doivent-ils être mangés en kébab, en brochette et autre ; Parqués dans des élevages, menés à l’abattoirs toute l’année excepté le 11 juillet ?

Date unique à laquelle Robert sera vegan ?  

 

Bref, vous l’aurez compris cette notion de journée de la femme me taraude et à juste titre.

En dehors de ma propre condition, j’éprouve une profonde admiration pour vous mesdames, et comme le dit Roman Frayssinet « les femmes feraient de bien meilleurs hommes que les hommes ».

En faisant une carrière autour de l’enfant et de la petite enfance, j’ai eu la chance d’accompagner et de rencontrer des milliers de femmes. Et plus je les côtoie dans les différents âges de leur vie, plus je les découvre dans leurs nombreux rôles, plus je les admire.

Et que dire des mères en plein retour à l’emploi ?

Celles qui se battent pour continuer à faire se connecter leurs neurones en dehors de la notice pour le pliage de leur poussette (bien que franchement, cela demande beaucoup de connexions synaptiques) tout en restant des mères attentionnées et disponibles.

Nous pouvons aisément dire sans se faire taxer de féministe que ce sont les mères qui s’occupent de chercher et de trouver un mode de garde pour leur enfant. Ce sont encore elles qui compulsent frénétiquement la liste des crèches ayant des places disponibles, ou celles des assistantes maternelles travaillant après 19 heures.

Selon l’étude DARES, mandatée par le ministère du travail, « la mère est le parent qui assure encore majoritairement la garde des enfants dans un couple actif. » 

Et cela commence parfois même dès l’envie de concevoir :

Comment vais-je l’annoncer à mon patron ?  

Est-ce que je vais pouvoir prendre mes heures de grossesse ? Mes heures d’allaitement ?  Mon temps partiel de présence parentale ?

Comment vont me voir mes collègues ? Est-ce qu’avec ce travail je vais réussir à être à l’heure pour aller les chercher le soir ? À la crèche ?  À la sortie de l’école ?  À l’étude ? 

J’ai vu de nombreuses femmes se recréer, se lancer, essayer de trouver des solutions pour arriver à concilier les choses.

Il y a celles qui reprennent leurs études, celles qui changent d’emploi, celles qui se lancent dans l’entreprenariat.

Et toujours cette crainte de paraitre en faire moins, de demander des congés parce que le petit a fait 39,5 cette nuit.

 

Retourner travailler sans avoir dormi, bien maquillée, souriante, dire que tout va bien quand bébé fait des terreurs nocturnes, quand le grand se fait embêter dans la cour et que ça nous fait comme des papillons dans le ventre quand il le raconte.

 

Est-ce pour cela mesdames que je vous aime ?

Oui, mais pas que.

Il y a aussi votre capacité à vous réaliser, à tout porter à bout de bras, à faire des activités, la cuisine, tenir sa maison, rire avec ses amies, soutenir sa famille, mener les enfants à leurs propres activités, créer des blogs, des vlogs, se maquiller, se faire belle, faires des régimes, du vélo, de la natation, aller au cinéma, aider la banque alimentaire, procrastiner.

Vous êtes merveilleuses, formidables, n’en doutez pas !

Pourquoi a-t-il fallu que ce soit cette chère Eve qui fasse manger cette maudite pomme à Adam ?

Et puis, lui, cet imbécile, il n’aurait pas pu faire preuve d’un peu plus de libre arbitre ?

S’en est suivi toutes ces casseroles que l’on traine, encore aujourd’hui, cette place sociale et culturelle que l’on s’efforce de gagner en permanence, comme pour s’excuser du reste ?

Et si les hommes pouvaient enfanter, est-ce que la société aurait tant besoin de nous remettre à notre place ? Jaloux va !

Ce don si précieux que l’on a et qui nous permet de vivre des choses bien au-dessus de tout le reste, n’est-ce  pas justement cela qui empêche Martine de pouvoir, elle aussi, se payer des repas vegans ?

 

A jeudi prochain mesdames mais aussi ces messieurs qui ont eu le courage de me lire aujourd’hui… pour de nouvelles aventures !

 

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