Quoi de plus naturel en cette journée des droits de l’enfant que de parler de « la maladroite », le film diffusé par France 3 hier soir et qui parle de maltraitance sur enfant..

Un film que j’ai proposé aujourd’hui à mes étudiantes auxiliaires de puériculture pour leur parler de la responsabilité que nous avons tous, en tant qu’humain mais aussi que professionnels de la petite enfance.

Dès le début, le contexte est posé : la petite Stella, 6 ans, est assise dans un bureau de  commissariat et répond à des questions autour de son mode de vie et la manière dont elle est traitée à la maison.

L’enfant apparait timide et souriante, concentrée sur la bonne réponse, seule.

On comprend vite que la scène est un flash-back, Stella a disparue : elle est recherchée par la police et ses parents sont très inquiets. 

L’histoire se situe entre les moments où l’on voit l’enfant évoluer dans sa vie et sa scolarité avec d’autres  qui concernent l’enquête de police liée à sa disparition.

Ce qui est intéressant c’est que l’on suit le parcours de la petite fille en flash-back : d’une école à l’autre, d’une consultation médicale à une hospitalisation. En toile de fond, le flou de la situation familiale, l’épuisement des parents, leurs mensonges, l’incapacité de bien savoir ce qui se passe pour cet enfant. Les différents protagonistes qui prennent en charge la fillette sont empêtrés dans des situations devant lesquelles ils ne trouvent pas d’issue, apeurés à l’idée de faire fausse route. On les ressent attristés et épuisés par un système qui semble ne pas répondre à leurs attentes et à leurs questionnements.

Au centre de tout, une petite fille qui se dit maladroite, qui tombe ou s’accidente, qui fuit le contact avec les autres, qui dérange aussi les autres enfants par son comportement et ses réactions.

Devant la bienveillance et l’empathie de ses professeurs des écoles, Stella s’ouvre parfois et laisse apparaitre sa fragilité et ses rêves.

Le film ne condamne pas mais révèle  plutôt sur un système qui prend au piège les professionnels et c’est ce que j’ai trouvé intéressant. 

Un peu la même idée que la chanson « Né en 17 à Leindenstadt », on se demande «  et moi, j’aurai fait quoi ? » et c’est ce qui rend ce long métrage intéressant. 

L’idée de l’organisation de la protection l’enfance est abordée et pointée du doigt dans sa difficulté à coordonner les informations concernant les familles d‘un département à l’autre.

L’histoire de Stella nous montre que le lien entre les secteurs géographiques se fait uniquement grâce au professionnels qui décident de dépasser leur attributions pour aider l’enfant: c’est ce professeur des écoles qui vient lui rendre visite à l’hôpital et alerte le corps médical, cette directrice d’école qui appelle la police et viens témoigner dans un commissariat même après que l’enfant ait été scolarisé ailleurs.

On comprend in fine que le bien être de cet enfant s’est effacé devant les dysfonctionnements administratifs, les difficultés de communication inter services, la gêne, la honte. Les personnes qui croisent sa vie sont dépeintes comme humaines et c’est bien là tout l’intérêt du film.

A regarder pour renouer avec la part humaine ou la professionnelle qui est en « nous ».

Car au fond c’est bien de cela dont il s’agit : une famille qui fuit les services sociaux, déménage, déscolarise l’enfant, change d’école.. Et des professionnels qui manquent parfois de courage, qui se heurtent à des mus et qui voient disparaitre l’enfant dès qu’ils commencent à creuser et à se poser des questions.

Un film à voir avec l’enfant qui sommeille en nous et à réfléchir avec l’adulte que nous sommes.

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